Au dessus de l'entrée apparaît le Relief de Théophile, grande plaque sculptée surmontée d'un arc trilobé. Sur les côtés trônent, dans une position qui évoquent le Christ de Moissac, deux saints que l'on peut identifier comme étant Saint Benoît (à gauche) et Saint Pierre: le premier fondateur de l'ordre et le premier évêque de la hiérarchie ecclésiastique. Ils encadrent une composition complexe qui occupe la partie centrale du relief en ignorant les axes de l'arc trilobé. En trois scènes est racontée ici la légende de Théophile, thème souvent évoqué dans les sermons du Moyen Age. Il faut remarquer que ce n'est pas un saint, mais un pécheur qui est le personnage principal, les saints étant relégués sur les côtés de la scène. ThéoPhile était diacre à Adana, en Cilicie. Dépouillé de sa charge par l'évêque, il fit un pacte avec le Diable, lui vendant son âme en échange de la restitution de ses fonctions.

Cette action est séparée sur le relief en deux scènes parallèles dans la moitié gauche apparaissent Satan et Théophile portant le rouleau qui définit le pacte ; à droite les deux personnages sont figurés à l'instant où le pacte est scellé. On aperçoit dans cette scène l'église dans laquelle Théophile pria après avoir pris conscience de la Portée de son acte. En haut à gauche est illustré le troisième épisode de cette légende : Théophile dort et la Vierge, accompagnée par des anges, descend d'un nuage figuré par des lignes ondoyantes pour reprendre et annuler le pacte. D'après la légende, Théophile mourut quelques jours plus tard, racheté de sa faute. La scène clé de ce « sermon moralisateur » transcrit dans la pierre est celle de la signature du pacte. L'artiste s'est ici inspiré de la réalité médiévale et a conféré à la scène la forme caractéristique des serments féodaux : le seigneur le Diable prend les mains du vassal qui se trouve lié par ce geste. La légende racontée à Souillac illustre la reconnaissance de l'autorité de I'Eglise dont l'intercession est indispensable au salut de l'homme.

Thorsten Droste